Rencontre avec Ivan PATZAICHIN, quadruple champion olympique de canoë-kayak. Originaire du Delta du Danube, il en est devenu un ambassadeur.

Développement durable et environnement

Notre envoyée spéciale commence son voyage dans le Delta du Danube à … Bucarest. 

En effet c’est dans la capitale roumaine qu’elle fait la rencontre d’Ivan Patzaichin : un quadruple champion olympique, une performance sportive très rare ! Il a remporté la médaille d’or dans sa discipline, la course en ligne de canoë-kayak, aux JO de 1968, 1972, 1976 et 1980. Et aussi tout un tas d’autres récompenses : neuf fois champion du monde, une fois champion d’Europe, sans compter les autres nombreuses médailles d’argent et de bronze. C’est un sportif très respecté en Roumanie : il a même une statue à son effigie, à Bucarest.

C’est grâce à Tiberiu Cazacioc, qu’Elodie rencontre le champion. Elle contacte ce défenseur de l’éco-gastronomie pour l’ interviewer sur les habitudes alimentaires roumaines. Il lui donne rendez-vous dans le restaurant ouvert en janvier 2018 par Ivan Patzaichin et deux autres associés. Le champion, comme souvent, est là. Notre reporter se dit que ce serait une personne très intéressante à vous présenter, et elle décide de revenir quelques jours plus tard pour l’interviewer. Cela arrive très souvent en reportage : le journaliste part sur un sujet et une personne où la visite d’un lieu qui l’impressionne lui donne envie d’écrire un article. 

Ivan Patzaichin a grandi dans le Delta, dans un petit village du nom de Mila 23, qui n’est accessible que par bateau. Il appartient à la minorité lipovène, une minorité qui a fui la Russie au XVIIIe siècle. A l’âge de 17 ans, il part pour Bucarest, pour faire son service militaire. Il rejoint le club sportif de l’armée. Un an plus tard, il décroche l’or aux JO !

Après sa brillante carrière sportive, Ivan Patzaichin s’engage dans la promotion et la préservation du Delta, de son environnement et de ses traditions. Il a créé l’association « Ivan Patzaichin-Mila 23 », dont il est président. L’association a développé beaucoup de projets autour du bateau à rames et de l’écotourisme : elle propose des tours culinaires dans le Delta, des excursions en canotca (des bateaux à rames inspirés des embarcations traditionnelles), des parties de pêche... Chaque année, fin août, un festival de bateaux à rames est organisé.

Avant Bucarest, Ivan Patzaichin a ouvert un premier restaurant, dans la ville de Tulcea, la principale porte d’entrée dans le Delta. Ils s’appellent tous les deux « Ivan Pescar », en référence au martin-pêcheur, un oiseau du Delta. Et ils véhiculent le même esprit : servir du bon poisson, pêché localement et cuisiné de façon typique. 

Le restaurant de Bucarest, tout de bleus et de bois clairs, plonge dans l’ambiance du Delta. Dans une vitrine, au centre, on peut découvrir le palmarès de la région : des recherches menées par l’association ont montré qu’elle avait donné pas moins de 25 champions à la Roumanie !

L’interview se fait pendant le déjeuner et en roumain. 

-Pourquoi avez-vous ouvert ces restaurants ? Quel est votre objectif ?

Le but est de promouvoir la cuisine traditionnelle du Delta. Il y a 4 ans, on a réalisé qu’à Tulcea, aucun restaurant ne la proposait. Il n’y avait que de la cuisine internationale. Avec du poisson, bien sûr, mais mélangé sur la carte à des plats de veau, de porc, etc. Il y a une pression touristique sur les traditions culinaires et, si tu n’y fais pas attention, elles se perdent. Moi, j’ai vécu toute ma vie dans cette zone, j’ai l’amour de ce terroir et de la diversité des minorités qui s’y trouvent. L’objectif était aussi de montrer un exemple aux opérateurs touristiques, de les amener à investir, à changer les habitudes, à inclure la gastronomie de la zone dans leur offre.

-Comment êtes-vous passé de champion à ambassadeur du Delta ? Pensez-vous avoir un rôle à jouer, en tant que sportif renommé ?

En tant que sportif, j’ai rencontré des tas de gens, dont j’ai partagé les idées autour de la nécessité d’un développement durable du Delta. Je respecte le travail bien fait, les produits fabriqués à partir de ressources naturelles... J’ai été comme un lien entre tous ces gens, spécialistes chacun dans leur domaine. Cent-vingt personnes ont pris part aux projets de l’association, au fil des ans, dans des domaines différents : les vêtements, le design, etc.

J’ai aussi senti que je devais rendre quelque chose à la communauté, aux gens du Delta. 

-Pourquoi autant de champions sont-ils originaires du Delta ?

Sans doute parce qu’ils sont habitués à ramer et à faire des efforts. Il y a 40-50 ans, il n’y avait pas de clubs sportifs, hormis ceux de l’armée ou du ministère de l’Intérieur. Le service militaire était obligatoire et si tu étais un bon sportif, tu étais intégré dans le club de l’armée et tu faisais ton service en tant que sportif. Avant moi, trois personnes de Mila 23 ont été des champions à un niveau mondial. Je me suis dit : pourquoi pas moi ! Et j’ai travaillé pour atteindre cet objectif. J’ai commencé le canoë-kayak en 1967 et, un an plus tard, j’étais champion olympique !

-Avez-vous un dernier mot à dire sur le Delta ?

Pour moi, c’est une zone unique en Europe. Chaque bout a ses spécificités, sa propre beauté. Le Delta doit rester tel qu’il est aujourd’hui, les générations à venir doivent avoir cette chance de le connaître comme ça. Et il doit être la perle de l’écotourisme en Europe.

Sources photographiques

Ivan Patzaichin, devant le portrait d’un habitant du Delta, installé à l’entrée de son restaurant, à Bucarest.
Ivan Patzaichin, devant le portrait d’un habitant du Delta, installé à l’entrée de son restaurant, à Bucarest.
Dans la salle de restaurant, une coque de bateau est accrochée au plafond.
Dans la salle de restaurant, une coque de bateau est accrochée au plafond.
Le restaurant est situé dans l’ancienne bourse aux marchandises, qui était en ruines il y a quelques années et qui a été totalement rénovée.
Le restaurant est situé dans l’ancienne bourse aux marchandises, qui était en ruines il y a quelques années et qui a été totalement rénovée.
Côte à côte, dans l’entrée du bâtiment : une barque traditionnelle et une canotca, l’embarcation créée par l’association d’Ivan Patzaichin, qui mélange traditions et modernité.
Côte à côte, dans l’entrée du bâtiment : une barque traditionnelle et une canotca, l’embarcation créée par l’association d’Ivan Patzaichin, qui mélange traditions et modernité.
05 Le restaurant s’appelle « Ivan Pescar », en référence au martin-pêcheur, l’un des nombreux oiseaux du Delta.
05 Le restaurant s’appelle « Ivan Pescar », en référence au martin-pêcheur, l’un des nombreux oiseaux du Delta.
Au menu, du poisson sous toutes ses formes : en soupe, en plat, mariné, grillé, etc.
Au menu, du poisson sous toutes ses formes : en soupe, en plat, mariné, grillé, etc.
Des plats traditionnels en émail, remis au goût du jour, sont exposés sur des étagères.
Des plats traditionnels en émail, remis au goût du jour, sont exposés sur des étagères.
Sur un écran télé, des images du Delta du Danube défilent : oiseaux, pêcheurs, paysages, etc.
Sur un écran télé, des images du Delta du Danube défilent : oiseaux, pêcheurs, paysages, etc.
Au centre, dans une vitrine, des photos des champions du Delta sont exposées : 25 champions de niveau mondial sont originaires de la zone !
Au centre, dans une vitrine, des photos des champions du Delta sont exposées : 25 champions de niveau mondial sont originaires de la zone !
Des photos d’époque d’Ivan Patzaichin
Des photos d’époque d’Ivan Patzaichin
Ivan Patzaichin, devant le portrait d’un habitant du Delta, installé à l’entrée de son restaurant, à Bucarest.
Dans la salle de restaurant, une coque de bateau est accrochée au plafond.
Le restaurant est situé dans l’ancienne bourse aux marchandises, qui était en ruines il y a quelques années et qui a été totalement rénovée.
Côte à côte, dans l’entrée du bâtiment : une barque traditionnelle et une canotca, l’embarcation créée par l’association d’Ivan Patzaichin, qui mélange traditions et modernité.
05 Le restaurant s’appelle « Ivan Pescar », en référence au martin-pêcheur, l’un des nombreux oiseaux du Delta.
Au menu, du poisson sous toutes ses formes : en soupe, en plat, mariné, grillé, etc.
Des plats traditionnels en émail, remis au goût du jour, sont exposés sur des étagères.
Sur un écran télé, des images du Delta du Danube défilent : oiseaux, pêcheurs, paysages, etc.
Au centre, dans une vitrine, des photos des champions du Delta sont exposées : 25 champions de niveau mondial sont originaires de la zone !
Des photos d’époque d’Ivan Patzaichin

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