SAISON TOURISTIQUE 2010 / 2011 LES POPULATIONS DU CAP SKIRRING CRAIGNENT LE PIRE !

Publié le 19 janvier 2011

Un article d’ANDRE MENDY, correspondant à Cap Skirring pour la presse nationale sénégalaise.

Le tourisme en Casamance

Qui a dit que le tourisme est pour le Cap Skirring, ce qu’est le Nil pour l’Égypte ! En tout cas les populations de la station balnéaire nourrissent de fortes inquiétudes vis-à-vis de la nouvelle saison touristique qui profile à l’horizon.

Les raisons de ces appréhensions résultent du fait que depuis l’arrêt brutal des vols de la défunte compagnie aérienne Air Sénégal International survenu au mois d’avril 2009, rien n’a été fait pour mettre en place une autre compagnie nationale pour assurer la desserte aérienne au niveau de cette partie du pays à accès laborieux.

A cela, il s’ajoute que de nombreuses promesses maintes fois renouvelées par les autorités gouvernementales allant dans le sens de redynamiser la destination sont toujours restées lettre morte. Le pire au Cap Skirring et par extension à toute la communauté rurale de Diembéring pour ne pas dire à toute la Casamance naturelle est à redouter, la destination Casamance pour bien des facteurs conjugués défavorables est en passe de connaître une saison touristique blanche.

Le comité de réflexion et d’appui pour le développement touristique et social (CRADTS) de la communauté rurale de Diembéring, sonne le tocsin et engage une bataille de salut populaire. Une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation se mène pour enclencher une spirale de protestation et de revendication à l’aune de la gravité du contexte. Et le premier jalon posé a été la visite rendu au roi d’Oussouye, Mann, Sibiloumbaye Diédhiou dans son temple du bois sacré pour le sensibiliser ce sujet et avoir son appui et recueillir sa bénédiction. Le seul mot embouché aujourd’hui par toutes les populations de cette communauté, est que " mourir, il faut mourir la sagaie au poing " !

" Nous voulons des avions ", tel semble la trompette embouchée par les habitants de la cité balnéaire et touristique du Cap Skirring en direction de la nouvelle saison qui débute le 22 octobre prochain. Ici, le moral est bas, et l’espoir d’une saison touristique prometteuse est quasiment interdit ; pourquoi ? Parce que, répond décontenancé Babacar Mbaye Diouf, président du comité de réflexion et d’appui au développement touristique et social de la communauté rurale de Diembéring " le ciel de la Casamance s’assombrit d’année en année, avec des vols qui se font de plus en plus rares.

Pire, cette année on aura droit qu’à un seul vol hebdomadaire, alors que l’année dernière on avait quatre vols sans pour autant que le vécu quotidien des capois soit amélioré, là tout le monde broie du noir à cause de la pauvreté galopante qui frappe les ménages parce que la saison dernière a été une piètre saison ", s’indigne Babacar qui poursuit sa récrimination. " Tout ça parce que l’État ne respecte pas ses engagements ; On nous a promis de baisser la TVA qui passera de 18% à 10% ; La taxe touristique. En Gambie par exemple, le touriste paye 80 euros mais au Sénégal, il est taxé à 240 euros, c’est ahurissant ! On nous a promis de réactiver la cuve à kérosène de l’aéroport du Cap Skirring.

Sur notre demande le Président de la République nous avait adressé une correspondance, il y a huit mois de cela pour nous signifier qu’il était favorable à nous accorder une audience pour s’entretenir avec nous au sujet des questions liées aux difficultés du secteur touristique et hôtelier et de son impact sur la situation économique et sociale de la communauté rurale de Diembéring et que très rapidement son directeur de cabinet allait s’employer à caler une date, mais jusque là rien ", se désole t-il.

Mbaye est d’autant plus courroucé qu’il ne comprend pas tout ce privilège concédé à Racine Sy, patron de Sénégal Hôtels, qui a trois prestigieux hôtels au Cap Skirring mais qui depuis prés de 10 ans sont dans l’abandon total au grand dam de leurs centaines d’employés directs ou indirects, malgré selon les informations du ministre de tutelle, qu’il reçoit chaque année des subventions de l’État, pour leur fonctionnement, malgré qu’il y ait bon nombre de repreneurs qui frappent à la porte sans jamais qu’on la leur ouvre .

A cela ajoute t-il " l’absence d’une promotion régulière de la destination auprès des marchés émetteurs d’Europe, celle-ci est au contraire, soumise à une véritable campagne d’intoxication et de diabolisation par un détenteur d’un site Internet installé en France et bien connu des pouvoirs publics parce qu’ayant été une fois jugé par contumace par le tribunal correctionnel de Ziguinchor pour sa propension endémique à l’intoxication et à ses attaques calomnieuses à l’endroit des citoyens qui ne sont pas dans ses bonnes grâces. Et l’État ne fait rien pour le faire taire ".

Et la nouvelle qui a mis les populations du Cap dans tous ses états, vient de l’office du tourisme, nouvellement crée, quand son président, document à l’appui, informe qu’ils ont été contactés par deux avionneurs en France qui souhaitent établir la liaison Paris - Cap Skirring, mais qu’ils peinent à obtenir une licence auprès du ministère que gère le fils du président de la république. C’est sur le pied de guerre qu’une délégation comprenant les notaires du Cap et après concertation suite à une assemblée générale et sous la conduite des membres du bureau du comité a effectué une visite d’information et de sensibilisation à Oussouye chez le roi Mann Sibiloumbaye Diédhiou.

Sa majesté qui ne manque pas de disponibilité s’est dit très sensible à l’action et à la démarche initiée par ce comité de défense du tourisme et en sage homme, il avoue " je loue votre initiative, c’est une revendication légitime. Continuez à vous faire entendre jusqu’au jour où les décideurs vous entendront. Mais faites tout dans la discipline et sans aucune forme de violence ", invite celui qui est considéré comme l’incarnation même de la paix. Assurément homme de paix, le roi l’est, et celui qu’on appelle affectueusement Pompidou son oncle et son interprète, le rappelle avec forte conviction " le roi est un homme de paix, c’est depuis son avènement en 2002 que le département d’Oussouye a connu une accalmie, c’est un réconciliateur social très discret et généreux. Ce que vous entreprenez là, entre en droite ligne avec les actions du roi, lui qui veut que son peuple soit un peuple épanoui, vivant dans la paix car ayant suffisamment de quoi manger, Mann a la pleine conscience que la faim est source de conflit ", renseigne cet ancien ingénieur agronome jouissant actuellement de ses droits à la retraite.

Pompidou marque aussi sa désillusion devant un comportement des autorités politiques du pays, notamment le chef de l’État, un comportement qu’il assimile à un mépris envers les casamançais " devant certaines sollicitations des différentes couches sociales, le roi a eu au total à adresser cinq correspondances au chef de l’État mais aucune d’elles n’a fait l’objet de réponse, les casamançais sont méprisés ", lance t-il désabusé !

Avec peine, il rappelle " la mauvaise attitude dont ont fait preuve les responsables politiques de la Casamance quand ils apportaient un petit million au roi, faisant autant de tintamarre pour des clopinettes. Un million qu’est ce que ça représente pour le roi ! Ailleurs ils auraient donné des milliards mais ils en sortiront motus et bouche cousue (ndlr : le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien ; loc.cit), ce comportement nous a incommodé et indigné, c’est aussi du mépris ", dénonce avec véhémence le porte parole du roi d’Oussouye.
Article ANDRE MENDY

Mardi 7 septembre 2010

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