« Il est interdit d’introduire dans la nature des espèces exotiques »

Publié le 15 décembre 2015

Dominique Tesseyre, en charge des milieux aquatiques à l’agence de l’eau Adour-Garonne, répond aux globe-reporters du collège forain François Verdier de Léguevin, en France. Ces derniers s’inquiètent des ravages du silure dans les rivières et fleuves du sud de la France.

La biodiversité dans tous ses états

Question : A-t-on le droit en France d’introduire des espèces tropicales dans une rivière ?

Il est interdit d’introduire dans la nature des espèces exotiques. Certaines espèces peuvent provoquer des déséquilibres ou transmettre une nouvelle maladie. Si on veut se débarrasser d’un animal que l’on a élevé chez soi, par exemple d’une tortue de Floride, des centres existent pour les accueillir. Le silure glane est une espèce européenne, naturellement présente dans l’est Europe : ce n’est pas une espèce exotique. Elle a fait l’objet d’introduction dans les cours d’eau d’Europe de l’Ouest depuis plusieurs dizaines d’années pour la pêche de loisir.

Question : Quelles sont les sanctions encourues par l’association qui a introduit le silure dans la Garonne ? 

A priori aucune. D’autres espèces présentes dans nos rivières sont des poissons introduits : par exemple, la truite arc-en-ciel, le blackbass, le poisson-chat, la perche soleil.

Silure péché dans la Garonne. Photos de la banque d’images https://www.flickr.com/photos/90802174@N00/2820714047/

Question : Que peut-on faire pour diminuer le nombre de ces poissons ?

Actuellement, le silure s’est implanté dans nos cours d’eau : il y trouve des conditions de vie favorables à son développement. Comme toute population, après une phase d’expansion où le nombre de poissons a fortement augmenté, ses effectifs semblent se stabiliser. C’est un prédateur opportuniste, il consomme tout type de proies. Dans les rivières où il a été introduit depuis longtemps, il n’a pas occasionné de déséquilibre important : il n’existe donc pas de programme pour limiter le nombre de silures. Les pêcheurs professionnels, qui sont autorisés à vendre leur poisson contrairement aux pêcheurs de loisir, étudient la valorisation de cette espèce.

Question : Quel est le prédateur de la silure ?

Peu de prédateurs, les autres carnassiers peuvent peut-être consommer les très jeunes silures.

Question : Si on arrive à supprimer ce poisson, quel sera le déséquilibre engendré dans la chaîne alimentaire ?

On n’arrivera jamais à enlever ce poisson de nos cours d’eau.

Question : Quelle partie du silure peut-on manger ? Pourquoi le reste ne se consomme-t-il pas ?

C’est un poisson qui a une grosse tête. On ne mange que la partie médiane, il n’a pas d’arête.

Question : Comment peut-on cuisiner ce poisson ?

En sauce, en brochette…